2015 - Vendredi 20 mars 2015: autre éclipse partielle.
Cela fait des mois que j'ai l'éclipse en point de mire, et 10 jours que je cogite sur les prévisions météo.
Après les fluctuations délirantes des prévisions à long terme, c'est environ 80h avant l'heure H qu'un scénario plus stable semble se dessiner. Espoirs limités d'observer l'éclipse en restant à la maison. Le Sud n'est pas du tout favorable. Une grande moitié Nord semble propice.
Ce scénario va se confirmer "en gros", c'est à dire qu'il n'y aura plus d'inversion de tendance, mais que la grande moitié nord va rétrécir petit à petit. Pour moi qui prévoyais une expédition vers le Nord, ça va se traduire par le fait que la direction reste la même, mais que la distance à envisager augmente.
Ou, dit différemment, que la garantie d'un ciel parfait en faisant 150 kms vers le Nord devient la nécessité absolue de faire 150 kms sans garantie du tout...
Jeudi soir un ciel totalement bouché sur Lyon me confirme dans mon projet d'expédition. Re-confirmation le lendemain au réveil vers 4h00 TU, même type de temps. Il va falloir y aller, d'ailleurs tout est prêt. Le temps de me préparer, de consulter une ultime fois la météo et de charger le matériel, je pars vers 5h30 TU.
Il bruine pendant les premiers kms. Puis je peux arrêter les essuies glaces mais le ciel est bouché et la visibilité limitée à 2 kms environ au niveau du sol. La voiture avance dans le couloir grisâtre qu'est le Val de Saône.
Autoroute Info (107.7) passe de temps en temps son bulletin météo annonçant un beau ciel sur la Bourgogne, "permettant de s'arrêter pour regarder l'éclipse"...
Mâcon, même type de temps, ce n'est pas encore la Bourgogne...
Tournus, pareil, pourtant...
Et puis, à l'approche de Chalon-Sud, le ciel devient progressivement plus lumineux, et un peu avant d'arriver à l'échangeur, le Soleil daigne se montrer. Comme j'avais repéré la possibilité de gagner un peu en altitude en montant au-dessus de Chagny, je prend la sortie et me dirige vers le Nord-Ouest. Mais contrairement à ce que j'avais escompté, au lieu de me dégager des brumes de la Saône, je pénètre inexorablement sous une couche nuageuse qui masque totalement le Soleil.
Aussi, arrivé vers La Rochepot, je repars vers l'Est et Beaune. Des noms évocateurs m'accompagnent: je passe vers Meursault, traverse Pommard, et arrive à Beaune. Sortie nord de la ville direction Aloxe-Corton et Nuits-Saint-Georges. Mais à 2 kms de Beaune, le ciel s'étant grandement amélioré et l'heure avançant (presque 8h00 TU), je prends une petite route à gauche à travers les vignes. Beaucoup de monde y travaille et je ne me vois pas mettre en station la lunette sur un chemin où pourrait surgir un tracteur. Je continue donc vers les collines et traverse le village de Savigny-lès-Beaune . A la sortie du village une petite route monte à droite. Je m'y engage. A quelques centaines de mètres un chemin de terre assez large et désert se propose. J'y vais, fait environ 300m pour repérer les lieux, demi-tour et je me positionne à un endroit convenable pour garer la voiture et pouvoir orienter la lunette vers le Soleil.
Le Soleil est bien visible dans un ciel un peu brumeux. Il est temps d'installer le matériel.
J'ai amené la L120/1000 achromatique, montée sur ma vieille EQ4, parfaite pour ce genre de situation (légère et alimentée sur piles). Au cul de la lunette, le flip-mirror me permettra d'alterner la photo avec le 350D, et le visuel.
La lunette est évidemment équipée d'un filtre à l'ouverture (Astrosolar D=5, ne laissant passer que 1/100.000ème du rayonnement).
La mise en station de l'EQ4 se fait à la boussole. Pas très précis mais les dérives seront relativement limitées.
Première image vers 8h24 TU, le premier contact est passé depuis peu.
Je photographie, observe à x 50 et x40, observe à l’œil nu derrière un masque fabriqué avec un filtre polymère. Ce dernier donne une image orange bien plus agréable que celle donnée par l'Astrosolar, et bien définie.
08h49 TU:
Je déclenche plus ou moins régulièrement, ajuste les temps de pose car la transparence varie. Vers le maximum le ciel est franchement voilé. A un moment je ne vois plus rien dans le viseur du 350D. Puis le ciel s'améliore et j'observe la fin de l'éclipse dans de bonnes conditions. La dernière échancrure disparaît dans le viseur du reflex peu après 10h40TU.
09h10 TU:
09h11 TU: la température baisse, je remet mon manteau que j'avais quitté parce qu'il faisait trop chaud.
09h30 TU: un copain me téléphone. Il est en train de suivre l'éclipse depuis Lyon...à la télévision, en direct du Pic du Midi...
09h32 TU:
Par moments la lumière me semble bizarre, blafarde, mais avec ce voile atmosphérique qui varie, pas sûr que ce soit dû à l'éclipse, et pourtant... Est-ce que mentalement nous ne relions pas l'éclat réel du Soleil et l'état de l'atmosphère perçu? Et là ce rapport est anormal. En tous cas ça me ramène aux minutes précédant la totalité en 1999.
A aucun moment les conditions n'ont été parfaites mais le phénomène est resté presque constamment observable et c'est le principal.
A 11h00 TU je reprend la direction de mes pénates où j'arrive deux heures après, non sans avoir constaté que dès que j’ai rejoint l’autoroute et le Val de Saône, le Soleil n’était déjà plus observable.
En fait, dans la région de Lyon, l'éclipse a été directement observable sans filtre à travers des nuages, mais ceci très brièvement. Les kilomètres parcourus n'ont donc pas été inutiles.
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