Chapitre 4
Rosèlda s'avança dans la salle bondée. Tout le monde voulait voir la nouvelle sentinelle. La jeune fille était gênée, et vous en seriez sûrement de même, si plusieurs centaines de visages inconnus vous dévisageaient. Elle alla très vite pour faire rapidement passer ce moment. Sa robe clignotait et émerveillait les invités. Elle arriva au bout du tapis bleu et se trouva devant une grande table où, sur huit trônes, étaient assises huit fées. Les Consules étaient tous assis d'un côté de la table. Sur les bords, une jeune fille avec de magnifiques ailes bleues de la même forme que celles des libellules. Ses longs cheveux bleus étaient coiffés en une tresse épis. En face, un homme au cheveux bleu nuit ébouriffés. En face des huit Consules, il y avait deux chaises ; l'une était occupée par une fée aux ailes de papillon et à la queue-de-cheval bleue – Oralia – l'autre était vide. L'aqualiste fit signe à Rosèlda d'approcher et de s'assoir. Elle s'avança timidement et pris place aux côtés de Oralia.
Europa se leva et pris la parole.
-Mes chers amis, fées, elfes ou sirènes, j'ai le grand honneur de présenter la nouvelle Sentinelle. Elle va bien sûr suivre une formation avant de prendre son poste. Mais j'aimerais, ce soir, lui remettre les emblèmes des Sentinelles. La broche, la cape, le diadème et enfin, les bracelets.
Elle adressa un signe à la jeune fille qui se leva d'un bond. La Consule lui passa la cape en soie aux huit couleurs des éléments. Elle l'attacha avec la broche, représentant un tourbillon des huit mêmes couleurs. Elle clipsa les deux larges bracelets en argent avec une pierre violette. Enfin, elle posa sur sa tête un délicat diadème avec deux lunes s'entrecroisant. Une fois prête, Rosèlda se rassit. Europa frappa dans ses mains et la table se couvrit de mets succulents et de pichets contenant multiples boissons de toutes les couleurs. Rosèlda remarqua que chaque Consule était habillé de l'une des couleurs des éléments. Elle observa alors la jeune fée – elle devait avoir environ vingt-cinq ans – drapée de violet. « Rêvalia », se dit-elle. Elle était vêtue d'une simple robe en pétales de violettes, et ses cheveux violet pâle était attachés en une couronne de tresses piquée de fleurs.
Après avoir dégusté toutes les entrées, plats et desserts, les Consules se retirèrent. Rosèlda en fit de même, suivie de Oralia. Après être passées dans la grande salle du trône, elle prirent le Couloir aux chambres – ainsi indiquait le panneau fixé au mur à proximité de la porte – et avancèrent jusqu'à la chambre de la jeune fille. Dès que la porte fut ouverte, cette dernière s'affala sur le grand lit recouvert de draps violets. L'aqualiste prit la parole :
- Il est tard. Reposez-vous et demain, vous rencontrerez Rêvalia.
Elle s'approcha d'une lune en pierre incrustée au mur et tapota dessus. Le mur s'enfonça et pivota pour révéler une petite salle d'eau tout-à-fait charmante.
- Voilà de quoi faire votre toilette.
Elle enfonça la lune et le compartiment secret se referma. Elle sortit ensuite une chemise de nuit toute simple.
- Pour cette nuit, vous porterez ceci.
- Oralia, je ne puis passer la nuit ici, mes parents vont s'inquiéter...
- Ne vous souciez pas de ça ; demain, Europa vous expliquera tout ce qu'il faut savoir. Après avoir arrangé les choses avec Rêvalia, vous rentrerez chez vous. Je vous laisse vous préparer et vous coucher, une fois que vous vous serez glissée dans votre lit, attrapez la lumière et ramenez-la vers vous.
Quand l'aqualiste eut fermé la porte, la rêvaliste attrapa la chemise, retira son jean et son tee-shirt et passa la petite robe. Elle s'assit à la coiffeuse.
- Salut, Shamélia.
- Bonsoir, ma chère amie. Que dois-je vous faire ?
- Deux tresses, et aussi me démaquiller.
Les deux pinces de Shamélia attrapèrent un des nombreux flacons et un coton, versa du liquide dessus et le passa sur le visage de la jeune fille. Ensuite, le siège tourna, et la coiffeuse sépara sa chevelure en deux mèches égales, puis chacune d'elle en trois. Elle tressa rapidement les cheveux de Rosèlda, et attacha les nattes avec deux rubans de soie violette. Quand elle annonça à la jeune fille qu'elle avait fini, notre héroïne s'approcha du lit. À cette distance, elle remarqua qu'il sentait la lavande ! Son parfum préféré ! Avec joie, elle se glissa sous les draps qui parfumaient l'air. Elle se rappela des conseils de Oralia pour éteindre la lumière. Tout d'un coup, elle les trouva un peu, même parfaitement abstraits. Elle tendit tout-de-même les bras vers la lampe, serra les poings et les ramena à elle. Quelle surprise, quand elle vit dans ses mains une boule de lumière. Ne sachant où la mettre, elle attrapa la fiole posée sur sa table de nuit et fit glisser la source de lumière dedans. Elle la reposa et jeta un foulard dessus. L'obscurité se fit. Elle s'enroula dans sa couverture à l'odeur de lavande et se mit à réfléchir à la journée qu'elle venait de passer. Elle songea un instant à un rêve, mais se ravisa presque instantanément ; tout semblait si réel ! En se raccrochant à cette pensée, elle s'assoupit. Ses rêves furent peuplés de créatures fantastiques bleues, violettes ou vertes et de fées avec ou sans ailes. Un jardin magnifique, avec des arbres aux différents fruits, des petits oiseaux roses, de grands banquets et des portailleurs...
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