Autres petits trucs
Il est parfois difficile de repérer un astre dans le ciel pollué d’une ville alors qu’on ne voit que quelques étoiles à l’œil nu, ou encore de jour, alors qu’il n’y a plus de repère du tout.
Dans ce dernier cas il s’agit principalement de Vénus, dont l’observation est intéressante de jour, de par sa brillance et le fait que, de nuit, elle est toujours relativement basse sur l’horizon. Mais l’observation de jour est également possible pour Mercure, pour les mêmes raisons que Vénus.
On peut également percevoir de jour, plutôt par curiosité car cela n’apporte pas de plus observationnel, Jupiter, Mars et les principales étoiles brillantes.
Mais pour observer ces astres il est nécessaire de les pointer « aux coordonnées ».
Si on dispose d’une monture dite « Goto », avec pointage automatique, c’est en principe facile, sous réserve que la monture ait été correctement mise en station et initialisée au préalable (a priori de nuit sur les étoiles, et avec la possibilité de conserver cette initialisation monture éteinte).
Je dispose d’une monture azimutale Giro Bresser totalement manuelle et dépourvue au départ de cercles de coordonnées. Je l’ai donc équipée d’un cercle de coordonnées horizontal constitué d’une plaque d’aluminium, percée en son centre d’un trou ajusté au diamètre de l’axe situé à la base de la monture, ceci pour assurer un bon centrage. Cette plaque a été gravée de 10° en 10° suivant la méthode décrite plus loin
Un index a été fixé de façon simple par cerclage de la partie mobile de la monture.
On remarquera que j'utilise le terme classique "cercle" mais que mes cercles sont plutôt carrés...
Pour les coordonnées verticales je rapporte sur l’instrument, quel qu’il soit, un quadrant fixé sur les colliers supportant le tube. Ici une plaque de mélaminé graduée suivant les mêmes principes que le cercle horizontal. Un index coupé dans un profilé plat d’aluminium, percé à une extrémité pour lui permettre de pivoter sur une vis servant d’axe, limé en pointe à l’autre extrémité, donne la verticale.
Tout ceci est d’une fabrication assez rustique, l’objectif étant d’avoir une précision de l’ordre du degré permettant d’amener un astre près du centre du champ du chercheur.
Les coordonnées azimutales des astres à un instant donné me sont fournies par le logiciel Carte du Ciel mais peuvent l’être par de nombreux autres logiciels de cartographie céleste. Il est important de bien paramétrer le logiciel sur le lieu d’observation, de bien régler l’horloge de l’ordinateur sur une base de temps fiable, et de pointer rapidement afin que l’objet visé n’ait pas fui le champ visé.
Graduation des cercles
Plutôt que d’acheter un rapporteur de grand diamètre, je trace un carré le plus précisément possible et reporte sur les côtés du carré les distances correspondant à la tangente de l’angle à graver (fournie avec une précision plus que suffisante par toute calculette comportant les fonctions trigonométriques.
Par exemple pour tracer un quadrant vertical, je dessine un carré de 200mm de coté par exemple. L’axe supportant l’index sera fixé à un angle du carré.
Sur les cotés opposés à l’axe je reporte, pour un angle Alpha, les valeurs Tangente (Alpha) X 200, soit pour 10° : Tg(10°) X 200 = 0,1763… X 200 = 35,3 mm (arrondi au 1/10ème).
Ca me donne les positions pour 10° et 80° sur l’autre coté.
Et on recommence pour chaque angle voulu.
Pour aller plus vite on peut graduer de 5° en 5°, tracer un arc de cercle correspondant à la longueur de l’index, et diviser chacun des angles de 5° en 5 (voir la photo plus haut). Ceci reste largement compatible avec la précision de 1° visée.
Bien sûr on peut augmenter de beaucoup cette précision avec des cercles plus grands et un soin extrême dans le tracé. Dans tous les cas il faut le faire avec soin mais des traits au crayon ou au feutre ne donneront de toute manière pas la même précision qu’une machine à diviser et des gravures fines.
Usage de ces cercles
La principale difficulté est que ces cercles sont fixes par rapport à l'instrument.
En azimut on n'a pas de possibilité d'aligner précisément le cercle sur les points cardinaux. On ne peut donc pas faire une lecture directe de l'azimut visé mais on doit calculer en différentiel.
Sur mon balcon j'ai repéré l'angle d'un immeuble qui correspond à très peu près à l'Ouest. Je vise donc ce point, lis la valeur correspondante, et calcule rapidement de combien je dois tourner la monture pour passer à un autre azimut. Ca se fait assez facilement de tête, ou en comptant sur les graduations(comme on compte sur ses doigts) de 10° en 10° (je passe de l'ouest, soit 270°, à 260, puis 250, puis 240, et je décale encore de 2° pour atteindre 238°, par exemple.
En l'absence d'un tel repère on peut partir, de nuit, sur l'azimut d'une étoile brillante pour "étalonner" le cercle.
En hauteur, on n'a pas de garantie que le quadrant soit bien parallèle à l'axe optique. Donc il faut mesurer le décalage en visant un astre ou un point connu, et corriger les valeurs lues du décalage constaté.
Tous ces problèmes seraient résolus si les cercles pouvaient être réglés, mais ce serait une complication dont je me passe fort bien avec la pratique et l'habitude.
Je pratique ce système depuis longtemps. Il est facile de dessiner un quadrant sur le tube carré d'un dobson artisanal, comme le montre cette image de mon premier "gros" télescope, un 250mm, en 1985. La base est également graduée en azimut. L'index était un fil à plomb. En mettant la base bien horizontale ça marche bien.
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