Le Burkina Faso, pays sahélien, a une économie essentiellement agricole. L’agriculture occupe 80% de la population (Atlas jeune Afrique ,1998), mais la production ne parvient pas à couvrir les besoins alimentaires de la population. De multiples contraintes expliquent la faible productivité du secteur agricole : l’irrégularité dans la répartition spatio-temporelle des précipitations, la pauvreté des sols, la réduction de la durée de la jachère, les techniques agricoles rudimentaires, le manque de capitaux, l’analphabétisme, etc.
Pour pallier les aléas de la pluviométrie, les autorités politiques ont développé des initiatives diverses, notamment la maîtrise de l’eau. Une option fondamentale et prioritaire a été la réalisation de grands ouvrages hydrauliques. Il s’agit donc de maîtriser l’eau et de parvenir à l’autosuffisance alimentaire. Avec près de 100 000 ha de plan d’eau dont 7300 ha d’eau permanente, les réserves hydrauliques du Burkina sont importantes: Ziga (200 millions de m3 ), Sourou (370 millions de m3), Kompienga (1,5 milliard m3 ), Bagré (1,7 milliard m3 ), (NOMBRE, 1995).
Le site du barrage de Bagré, a été repéré dès 1972 sur le Nakambé. Il est situé à 200 km au sud-est de Ouagadougou en pays bissa, à cheval entre les provinces du Boulgou et du Zoundwéogo. L’ouvrage a été l’objet de nombreuses études depuis 1973. Le barrage a été construit entre 1989 et 1992 et sa mise en eau a débuté la même année pour s’achever en 1994. C’est une retenue collinaire qui recueille les eaux de ruissellement de pluie d’un bassin versant de 32 km2. En côte maximale, la nappe d’eau couvre une superficie de 80 km de long sur 3 à 4 km de large soit 255 km2. L’utilisation de l’eau concerne trois volets : l’irrigation, la pêche, l’électricité.
La mise en œuvre du projet Bagré a provoqué la perte de 25 500 ha de terres cultivables et d’importantes modifications locales et régionales dans le domaine environnemental, et socio-culturel. Alors que toute l’attention semble portée sur les aménagements prévus en aval et présentés comme l’espoir d’amélioration des conditions de vie des populations installées, les villages en amont ont connu un bouleversement de nature moins favorable. Il s’agit de l’inondation de milliers d’hectares de terres cultivables d’où l’abandon de zones de culture, l’inondation totale des terroir de Foungou et Yakala ou partielle (Dierma, Niarba et Bèguedo), ( BIDON, 1995).
De ce qui précède, il ressort que la situation autour du lac de Bagré n’est guère reluisante pour les populations en amont. En effet, les villages ayant subi des dommages suite à la mise en eau du barrage ne sont pas ceux qui sont les plus concernés par la riziculture irriguée. Dans le cas de Dierma, sur une population de près de 2000 habitants, seules trois personnes disposent de parcelles de riz dans la plaine aménagée. On constate que les paysans sont plus actifs dans les activités hors projet en l’occurrence le maraîchage et la pêche. Ceux qui ont perdu des riches terres se retrouvent sans autre moyen de survie. Comment réagissent-ils donc pour assurer la production agricole et améliorer leur condition de vie?
|
|