Hobbies - Poetry
LES TETES ENFLAMMEES

LES TETES ENFLAMMEES


Les derniers pas

Sur ce sentier si souffreteux, seul passe
Un souffre-douleur crasseux à pas lents
Epuisé au tiers par le poids des ans
Tirant son ombre qui, sans cri s’efface.

Le regard érodé et tout lointain
Griffé sur un visage moins certain,
Le petit vieil homme à chaque pas semble
Compter le souffle de son cœur qui tremble.

De sa dolente poche gauche, il sort
Un bout d’étoffe aux dessins presque morts
Pour boire la morne morve suintant
De son nez et d’un destin tôt partant.

Au crépuscule de sa vie, vêtu
D’un corps aux traits amers et éhontés,
Il marche les yeux luisant de bonté
Caressant sa tête nue hors de vertu.




J’ai vu …


J’ai vu de grosses horreurs lourdes de pudeur
Caresser une terre nue meurtrie de terreur
Avec des hommes fanés signant sang et mort
Sous un cœur éploré bâti de paix et d’or.

J’ai vu des enfants au corps ridé et tout maigre
Orner de pleurs un avenir vidé et aigre,
Vilain sacrifice pour d’aussi jolies fleurs
Pleines d’amers nectars couronnés de malheurs.

J’ai vu hommes et femmes au pire s’accrocher,
Torses tenaces ruisselant de colère sourde
Contre une molle destinée si muette et trop lourde
Complice d’un monde tors, riche à reprocher.

J’ai vu la terre violée, terre de feu et d’enfer,
Dure communion garnie d’épines et de maux
Injectée à un peuple humilié et sans mot
Ahanant les yeux tout élevés vers le Père.


J’ai compris mère !

J’ai compris ce soir mère
Lorsque ta voile est tombée.
J’ai compris fort sévère
Ce destin qui t’a pliée.

Ravi et sans conscience,
L’homme dans la nature
Ravine de rature
Sa vie repue de science.

Au plaisir on se luit
Sur le dur front du mal
Et quand rugit la nuit
On s’endort le corps pâle.

J’ai compris ce soir mère
Que suave ou amère,
Même débordée d’or,
La vie s’étaie de mort.


Papa, maman !

En ces vers courtois, polis et tranquilles, puisse
Le monde contempler avec cœur la fleur pure
Qui illumine votre temple de prescience,
Carrure dont votre chœur se fait la parure.

Papa, maman ! Vous, honnêtes gens, soyez fiers.
Soyez fiers, cadres de la grande dignité,
Vous dont la communion berce d’humanité
Mon être que les compères se paient très cher.

Essoufflé, le vieux soleil si souvent s’effondre
A l’ombre de votre bonté crue et doucereuse.
Et les esseulés, dans leur gloire miséreuse
S’agrippent à votre silence pour s’y fondre.

En mon âme fort posée je ne puis vous peindre
Si parfaitement avec de modestes mots.
Demain déjà le beau temps viendra vos reins ceindre
Et toutes vos grâces guideront vos marmots.

A deux



A deux, notre vie ne sera qu’une belle histoire
Faite de romances et de folles amours
Et écrite en lettres d’or au panthéon du monde.

A deux, notre vie ne sera qu’un jeu d’enfant
Dont la règle est de s’aimer,
De s’aimer tendrement et simplement.

Sans toi l’orgueilleux soleil s’éteindra,
La douce lune ne brillera plus
Et rien ne sera possible aujourd’hui ni demain.

Tu peux dire aux hommes de ne plus vivre,
Tu peux dire aux fleuves de ne plus couler
Mais ne dis pas à mon cœur de ne plus t’aimer.



La question

Où allez-vous frères de sang, fer aux pieds,
Dont le regard creusé de vide et de noir
Semble éternellement éteint de tout espoir ?

Où allez-vous créatures malheureuses,
Véritables robots de la colère humaine
Et inaptes à toute revendication glorieuse ?

Où allez-vous pauvres vies édentées
Dont l’avenir s’annonce las et effrité
Et dont les pains valent moins un tas de boue ?

Où allez-vous peuples innocents et esseulés
Sur ce chemin inanimé et bordé de crachats,
Les mains liées au dos tels des malfrats ?

Où allez-vous petits enfants le cœur en pleurs,
Arrachés en fleur aux tétons de vos douces mères
Et entassés dans des barques pétant de mort ?

Qui es-tu homme au visage inconnu et invisible,
Qui noies les espérances et les sourires radieux
Dans les obscures profondeurs d’un monde odieux ?

Où es-tu justice, refuge des damnés ?

L’homme jaloux


La jalousie que j’abhorre, comme au miel
Les abeilles, attire l’homme cruel.
Les habits à moi de revers cousus
Me réduisent au traître de Jésus.

De ses crimes le jaloux trouve en l’autre
L’auteur dont il est, défend-t-il, l’apôtre
Et pend désespérément sa grandeur
A la queue de son intrépide sueur.

Tout est beau dans le meilleur des mondes
Quand son cœur, fleuri de miséricorde
Exulte au faîte de l’humanité.

Et lorsque tarissent les rivières
Il s’égare tristement dans ses prières
S’abandonnant à toute vanité.
Enfin mère…

Enfin mère, je respire de nouveau.
Je mettrai mon plus beau costume
Et je sortirai le cœur joyeux
Si fier d’être ton enfant.

Au marché aux fleurs je choisirai
La fleur que j’aurai aimée,
Celle qui t’aura séduite
Et sur ta tombe je la poserai.

J’irai à travers les chemins
Le corps illuminé, l’âme apaisée.
Je marcherai le regard inondé de bonheur
Si orgueilleux d’être ton enfant.

Le deuil est fini. Il faut que la vie continue.
Notre vie à nous, mère. Celle que tu aimais.
Nos peines, nos joies, toutes nos amours
Vivront par delà la jalouse mort, cruelle soit-elle.

Maman, tu n’es pas morte. Tu vis en moi.
Nos voies sont uniques et nos destins liés.
A jamais je te porterai dans mon cœur.
A jamais je bénirai celui qui a fait de toi ma mère.








Je vais ma vie

Je passe mon chemin
Je mène mon combat
Et je vais ma vie

Semée d’embûches
Et de désordre
D’amours perdues et ignorées
Amours ivres et maigres
Aigres et pingres

Je vais ma vie
Toute digne de moi couleur de ma peau
Toute violée voilée par la nature
Le sourire
Et la souillure
Toute séduite par le silence
La science
Et l’aisance

Toute lourde toute sourde

Je vais ma vie
Je passe mon chemin
Et je réponds aux questions de mon destin.









LES TETES ENFLAMMEES (Hobbies - Poetry)    -    Author : BASSANGOUKA - Togo



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Last update : 2011-07-24

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